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Pourquoi les enfants ont du mal à se défendre

Même lorsqu'un enfant sait que quelque chose ne va pas - quelqu'un dépasse les bornes, fait une blague à ses dépens, fait pression sur lui pour qu'il accepte de faire quelque chose qui lui déplait - il ne dit souvent... rien et a du mal à se défendre.


Ce n'est pas qu'ils s'en fichent. C'est qu'il est risqué de s'exprimer sur le moment. Et s'ils avaient l'air impolis ? Et s'ils aggravaient la situation ? Beaucoup d'enfants préfèrent se fondre dans la masse plutôt que de risquer de faire des vagues.


D'un point de vue biologique, c'est logique. Lorsque le stress s'installe, le système de protection du cerveau peut prendre le pas sur une prise de décision réfléchie. Au lieu de s'exprimer clairement, beaucoup d'enfants se figent ou se contentent de suivre le mouvement pour éviter la confrontation. Sans outils, ces moments d'inconfort s'accumulent et les enfants apprennent à se taire.


Il y a aussi les messages contradictoires qu'ils ont entendus : « Sois respectueux ». « Sois gentil ». « Ne réponds pas ». Ce ne sont pas de mauvaises valeurs, mais sans contexte, elles peuvent laisser les enfants perplexes sur la façon de se défendre sans paraître « méchants » ou irrespectueux.


La recherche montre que les enfants qui apprennent à communiquer avec assurance, qui osent parler pour se défendre ont tendance à avoir des amitiés plus solides, une meilleure estime de soi et moins de problèmes d'intériorisation comme l'anxiété et la dépression. Mais l'affirmation de soi n'est pas quelque chose que la plupart des enfants savent simplement faire. C'est une compétence. Et comme toute compétence, elle nécessite de l'entraînement.

ado confiante devant graffiti

Communication assertive vs. communication agressive

L'assertivité n'est pas une réponse bruyante ou musclée, mais une façon claire et respectueuse de s'exprimer. Avant que les enfants puissent la mettre en pratique, ils doivent comprendre à quoi elle ressemble et en quoi elle diffère de l'agressivité.


La communication assertive consiste à exprimer ses pensées, ses besoins ou ses limites de façon claire et respectueuse. La communication agressive, en revanche, consiste souvent à blâmer, à crier ou à contrôler les autres, ce qui a pour effet de couper le contact au lieu de l'établir.


L'apprentissage de cette différence est essentiel pour les enfants qui se lient d'amitié, travaillent en groupe et acquièrent de plus en plus d'indépendance. Beaucoup d'entre eux craignent que le fait de s'exprimer, de défendre son opinion, les fasse passer pour des personnes autoritaires ou méchantes, en particulier s'ils n'ont vu que des adultes qui leur ont donné l'exemple d'une communication agressive sous l'effet du stress.


Alors, à quoi ressemble l'affirmation de soi en action ?


Comparez :

  • Agressif : «Tu me coupes toujours la parole - arrête d'être aussi impoli !»

  • Assertive : « J'aimerais parler à mon tour maintenant ».


Voici quelques phrases qui aident les enfants à rester dans la zone d'affirmation de soi :

  • « S'il te plaît, ne me parle pas comme ça ».

  • « Je respecte ton opinion, mais j'en ai une autre ».

  • « Je ne suis pas d'accord avec ça.»

  • « Je veux que tu arrêtes.»

  • « J'aimerais parler à mon tour maintenant.»

  • « Laisse-moi finir, s'il te plaît.»


Pratiquer ces phrases à haute voix aide les enfants à développer leur fluidité et leur régulation émotionnelle. Plus ils comprendront à quoi ressemble l'affirmation de soi, plus ils l'utiliseront avec confiance.


Être en désaccord avec ses amis

Les amitiés sont extrêmement importantes pendant les années de préadolescence et d'adolescence, mais cela ne veut pas dire que les enfants doivent être d'accord sur tout. En fait, apprendre à être en désaccord de manière respectueuse avec ses amis est un moyen efficace d'établir la confiance, de fixer des limites et de rester fidèle à soi-même.


Le problème ? Beaucoup d'enfants craignent que le désaccord ne provoque un drame, ne blesse les sentiments de l'autre ou ne mette fin à une amitié. Ils peuvent hocher la tête lorsqu'ils ne sont pas d'accord ou accepter quelque chose juste pour éviter le conflit.


Mais une vraie amitié survit à un désaccord respectueux. Cela commence par le ton et l'intention : il ne s'agit pas d'essayer de gagner une dispute, mais d'exprimer son point de vue de manière calme.


Voici quelques phrases utiles :

  • « Je vois les choses différemment, et ce n'est pas grave ».

  • « Ce n'est pas ce dont j'ai envie maintenant, mais j'aimerais quand même faire une sortie ».

  • « Je ne suis pas d'accord, mais j'entends ce que tu dis ».

  • « Nous ne sommes pas obligés de penser la même chose pour être amis ».

  • « Acceptons d'être en désaccord ».

  • « Je respecte ton opinion, mais j'en ai une autre ».


Ces phrases communiquent la différence sans la distance. Elles permettent aux amis de savoir qu'il n'est pas nécessaire d'être d'accord tout le temps ou d'avoir les mêmes envies au même moment. Lorsque les enfants considèrent que les désaccords font partie d'une relation saine, et non qu'ils la menacent, ils deviennent plus sûrs d'eux et de leurs amitiés.


Tenir bon sous la pression : gérer les taquineries, les intimidations ou la pression des pairs

Lorsque les enfants sont mis sur la sellette - taquineries, défis ou pressions - ils se figent souvent ou acceptent, même si cela les met mal à l'aise. Ce n'est pas de la faiblesse, c'est une réponse biologique. Le système de menace du cerveau s'active, ce qui rend la réflexion claire et la prise de parole beaucoup plus difficiles.


C'est pourquoi il est utile de répéter des stratégies à l'avance, dont une qui peut s'avérer étonnamment efficace : la réponse « Oui, et... », inspirée de l'improvisation.


Cette technique permet de désamorcer les taquineries avec une touche d'humour. Par exemple, si quelqu'un dit : « Jolies chaussures, tu les as trouvées dans la poubelle ? » - « Oui, et je pense lancer une ligne de couture recyclée ! »


Ce genre de réponse ludique peut couper l'herbe sous le pied d'un intimidateur. Il ne convient pas à tous les enfants ni à tous les moments, mais c'est un outil puissant pour ceux qui aiment l'humour.


Parmi les autres réponses possibles pour se défendre, citons :

  • « Ce n'est pas drôle pour moi ».

  • « Je préfère m'en aller ».

  • « Ça dépasse les bornes ».

  • « Pas cool ».

  • « Tu fais ce que tu veux, mais je ne me joindrai pas à toi ».

  • « Je ne suis pas d'accord avec ce genre de conversation ».

  • « Ce n'est pas quelque chose dont je veux plaisanter ».

  • « Je préfère ne pas répondre ».


Quand impliquer des adultes ou des figures d'autorité

Apprendre à se défendre est très important, mais savoir quand demander de l'aide l'est tout autant. Les études montrent que les brimades se poursuivent souvent lorsque les adultes n'en sont pas conscients ou ne réagissent pas rapidement. C'est pourquoi il est essentiel d'enseigner aux enfants que dénoncer n'est pas se moquer de quelqu'un - c'est un acte intelligent et courageux.


Signes qu'il est temps d'impliquer un adulte :

  • Le comportement se poursuit ou s'intensifie.

  • Il y a un danger physique, un préjudice émotionnel ou des menaces.

  • La situation ne peut pas être résolue seule, même avec des efforts d'affirmation de soi ou de recherche de solutions.


Les enfants essaient souvent de résoudre les problèmes par eux-mêmes, et lorsqu'ils n'y parviennent pas, le fait de leur donner un scénario et la permission de s'exprimer fait une énorme différence.


Ce que les enfants peuvent dire lorsqu'ils ont besoin de soutien :

  • « J'ai essayé de m'en occuper, mais ça continue ».

  • « Je ne me sens pas en sécurité et j'ai besoin d'aide ».

  • « Est-ce que je peux te parler de quelque chose qui se passe ? »


Ces phrases valident les tentatives d'affirmation de l'enfant tout en transférant la responsabilité aux adultes qui peuvent intervenir.


La pratique fait progresser

Comme toute compétence de la vie, se défendre devient plus facile avec la pratique. Les enfants ont besoin d'occasions sûres et peu risquées pour essayer ces phrases avant de les utiliser dans la nature.


L'un des meilleurs moyens de développer ces muscles est le jeu de rôle. Après une situation sociale difficile ou même pendant un trajet en voiture, prenez un moment pour dire : « Imaginons que je suis l'enfant qui a dit cela et que tu essaies l'une de tes phrases chocs ». L'objectif n'est pas de réussir du premier coup. Il s'agit d'expérimenter, de trouver ce qui semble naturel, de rire un peu. Plus c'est drôle et amusant, plus les enfants seront enclins à participer. Pratiquer des scénarios sans pression aide les enfants à répéter ce qu'ils pourraient dire plus tard, lorsque les enjeux seront plus importants.


Un autre outil formidable ? Les livres ou les films. Les enfants absorbent constamment les dynamiques sociales des médias. Lorsqu'un personnage est taquiné, exclu ou soumis à des pressions, faites une pause et demandez-lui : « Qu'aurait-il pu dire ? » ou « Qu'aurais-tu fait dans cette situation ? ». Cela aide les enfants à prendre conscience de ce qu'ils pourraient dire, mais aussi du moment et de la manière de le faire.


Enfin, n'oubliez pas que le simple fait de penser à ce qu'ils auraient aimé dire est déjà une victoire. Ces réflexions d'après-match sont des mini-répétitions. Lorsque votre enfant dit : « La prochaine fois, je pense que je dirais... », vous savez que la compétence est en train d'être assimilée.


Le plus important est de célébrer l'effort et non la réussite. Reconnaissez les moments de courage par de simples affirmations telles que « Il fallait du courage » ou « Tu as pris la parole, je suis fier(e) de toi ». Chaque tentative est un pas vers une confiance en soi durable.




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